En 1560. alerté par la hiérarchie catholique sur les bienfaits nutritifs des pommes de terre. Philippe II, roi d'Espagne et fils de Charles Quint, lait parvenir des tubercules au pape Pie IV que l'on dit affecté par la goutte. Le souverain pontife ne semble pas convaincu : pendant près de 20 ans, la pomme de terre reste pour les Italiens une plante ornementale ou un aliment pour les cochons. Le pape décide néanmoins d'en faire don, à son tour, en 1586, à Philippe de Sevry, gouverneur de la ville de Mons. C'est la première venue des pommes de terre en Belgique. Le gouverneur, intéressé, en fait immédiatement cultiver et, un an plus tard, il adresse des plants à l'agronome français Charles de l'Escluse, intendant des jardins de l'empereur Maximilien à Vienne. Le gouverneur accompagne son envoi d'une aquarelle représentant un plant.
En 1589, Charles de l'Escluse en expédie à son tour en Allemagne, en Suisse et en France. Deux ans plus tard, il est le premier à fournir une description scientifique détaillée de la pomme de terre et s'en montre un inlassable et ardent défenseur en entretenant une nombreuse correspondance avec la plupart des botanistes européens. En 1590, le Suisse Gaspard Bauhin donne à la pomme de terre son nom botanique. En France, inondations catastrophiques, hivers rigoureux, sécheresses provoquent de nombreuses famines ou disettes tout au long du XVIIIe siècle. Même dans les campagnes, hommes, femmes, enfants et animaux meurent de faim, de maladies. Les historiens de l'époque racontent : "On parcourait plusieurs lieues sans voir ni homme, ni bête, ni même un moineau. Dans les villages, les maisons restées debout sont pleines de cadavres et de charognes. Hommes, femmes, enfants, valets, chevaux, porcs, vaches... les uns à côté des autres ou les uns par-dessus les autres, étouffés par des coliques ou par la peste, grouillants de vers, rongés par les oiseaux, les loups et les chiens, car personne n'est là qui les aurait enterrés ou pleures..."