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Guide de la pomme de terre
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Préparations culinaires des pommes de terre
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Le pomme de terre originaire des Andes en Amérique du Sud.
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Antoine Augustin Parmentier au 18e donne ses lettres de noblesse à la pomme de terre
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La pomme de terre naît dans la cordillère des Andes en Amérique du Sud. 900 ans avant JC ce sont les Incas qui la cultivaient et l'exploitaient
Ce n'est que vers 1570, qu'elle finit par traverser l'Atlantique grâce aux conquistadors espagnols de retour des Amériques.
D'Espagne, elle commencera un timide périple jusqu'en Italie et en Allemagne en passant par le sud de la France.
Curieusement elle fera le voyage de retour mais cette fois vers l'Amérique du nord et à partir de l'Angleterre après sa découverte par Raleigh pour le compte de la Grande-Bretagne.
Si elle a été introduite en France, tant qu nord qu'au sud dans ce début de 16e siècle, celle-ci restera cantonnée à l'alimentation du bétail.
Il faudra attendre le 18e siècle et Antoine Augustin Parmentier, pour enfin l'intégrer dans nos repas.
Celui-ci était pharmacien aux armées et avait découvert ses vertus nutritives lors de sa captivité en Prusse.
Devant les famines endémiques de l'époque qui sévissaient en France, il préconisera l'usage de la pomme de terre pour pallier les carences nutritives et remplacer le pain et le blé.
Mais les Français sont durs à convaincre, alors il utilise une ruse qui fera merveille : il fait garder par des soldats un champ de culture de pommes de terre. Aussitôt, la pomme de terre va prendre de la valeur, et sera objet de convoitise de la part des habitants environnants qui ne se gêneront pas pour dérober les précieux légumes, mais le faisant connaître par la même occasion.
Parmentier ira jusquà faire confectionner un repas complet à base de pommes de terre qui sera servi au roi et à la reine, afin de lui démontrer les bienfaits de ce tubercule bienheureux.
Depuis la pomme de terre n'a fait que progresser dans toute l'Europe.
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Découverte au Pérou par les espagnols
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Au moment de sa découverte au Pérou par les colons espagnols, la pomme de terre est consommée à l'état sauvage depuis 3 à 4000 ans. Elle est amère, de petite forme, le plus souvent indigeste. Les lncas la mangent bouillie, rôtie ou grillée mais cela ne change rien à son goût. Ainsi peut s'expliquer aussi la réticence des Européens, et tout particulièrement celle farouche des Français, qui ont résisté pendant plus d'un siècle avant de se laisser séduire.
Les Indiens la cultivent à plus de 3 000 m d'altitude, au Pérou, dans la région de Lima, à Cuzco, capitale de l'empire inca, dans la région du lac Titicaca, limitrophe de la Bolivie mais aussi, plus au nord, en Equateur, clans la région de Quito.
Seul, le maïs offert en sacrifice aux dieux, présente une valeur plus grande aux yeux des Incas. Vivant sur des pentes abruptes, les lncas construisent des terrains de cultures en terrasses étroites, irriguées par les eaux des torrents des montagnes. Ils ont choisi de cultiver les pommes de terre en altitude pour remédier au phénomène récurrent de la dégénérescence des tubercules.
Celles cultivées dans les plaines, pourtant fertiles, sont en effet victimes d'attaques de charançons ou pucerons.
Ils savent transformer les pommes de terre pour en avoir à longueur d'année : une technique ancestrale dont on a retrouvé les traces dans des tombes précolombiennes, leur permet de les conserver. Partant du constat qu'une pomme de terre, c'est 75% d'eau, les Incas exposent les tubercules à l'extérieur les nuits glaciales (ils les trempent dans de l'eau glacée si nécessaire) et à la chaleur torride le jour. Déshydratées au bout d'une semaine, les papas sont ensuite foulées aux pieds, souvent lors de fêtes qui réunissent la population de tout un village. Il s'agit d'en extraire les dernières traces d'humidité. Cette technique préfigure la liophvlisation. Ils les font ensuite sécher à nouveau quelques heures, avant de les frotter les unes contre les autres pour en enlever la peau. Elles ont alors la forme de petites boules de la grosseur dune noix, de couleur noire et extrêmement légères. Pour les consommer, il suffit de les plonger à nouveau dans de l'eau.
Elles sont consommées comme des légumes frais ou avec des ragoûts de viande ou des poissons de rivière. Une fois déshydratées, les papas s'appellent chuno ou tunta ou encore papa seca. Les Indiens transforment aussi les papas en farine.
La population de l'empire inca est essentiellement constituée d'agriculteurs sédentaires qui. outre le maïs et la pomme de terre, cultivent la quinoa, les courges, les haricots, le manioc, les arachides, les tomates et le coton. Au XVe siècle, les rendements de maïs et de pommes de terre qu'ils ont obtenus sont supérieurs à ceux des autres régions évoluées d'Amérique.
Comme pour toutes les variétés végétales en provenance d'Amérique du Sud, au moment de la colonisation espagnole, l'introduction de la pomme de terre en Europe est plus le fait du hasard que celui d'une détermination des consquistadors qui y auraient décelé un quelconque potentiel.
En 1533 lorsque Francisco Pizarro et ses trois frères font main basse sur le royaume des Incas, ils ne se soucient que de l'or qu'ils vont s'approprier et du pouvoir qu'ils vont exercer. Ils en sont d'ailleurs à leur deuxième voyage : cinq ans plus tôt ils sont venus uniquement pour constater qu'il leur fallait plus de moyens militaires pour mettre à la raison les Incas et leur chef Atahualpa qu'ils font garrotter le 23 août 1533. Le premier témoignage écrit est celui de Pedro Gieça De Leon, qui a pris part à l'expédition des frères Pizarro.
Dans sa Chronique du Pérou, publiée à Seville en 1535, peu après son retour en Espagne, il écrit : "Les habitants ont, avec le maïs, deux autres plantes qui servent en grande partie à soutenir leur existence : les papas, à racines presque semblables à des tubercules et le quinoa, plante à hauteur d'homme..."
Les rares hommes de science qui participent aux expéditions espagnoles, remarquent que la pomme de terre est un moyen d'alimentation répandu, que les soldats espagnols affamés la consomment aussi, même si c'est sans plaisir et qu'ils ne s'en portent pas mal.
Ils savent que La papa n'a pas bon goût, qu'elle est fade, farineuse quel que soit son mode de cuisson. S'ils la ramènent en Europe c'est uniquement dans un but scientifique.
Les tubercules arrivent en Andalousie à bord de galions espagnols en 1535. On en perd cependant très vite la trace. Les seuls témoignages disponibles, écrits par des jésuites, philosophes ou mathématiciens espagnols et italiens., portent sur la pomme de terre au Pérou, en aucun cas sur son accueil en Europe.
Plusieurs versions font état, de sa présence en Angleterre sans un passage préalable en Espagne.
Elle aurait été saisie sur un navire de l'armada espagnole, en provenance du Pérou, qui aurait sombré au large de l'Irlande au XVIe siècle. Mais on dit aussi qu'elle aurait d'abord transité par la côte occidentale de l'Amérique du Nord, plus exactement en Virginie, peuplée alors de quelques colons britanniques venus sans succès s'y implanter.
Le corsaire britannique Francis Drake y aurait fait escale vers 1577, de retour d'une campagne dans les Indes occidentales. Drake aurait laissé à une population affamée les tubercules, gardant pour lui les pièces d'or et les épices. Ces colons auraient transporté avec eux les pommes de terre lorsqu'ils obtinrent de retourner en Angleterre en 1586. Les botanistes britanniques de l'époque parlent de potato of Virginia, ce qui accréditerait la thèse de sa présence en Virginie.
Mais si les Anglais ne se soucient pas de les cultiver, en revanche, Sir Walter Raleigh, chargé par la reine Elizabeth de prospecter les territoires à coloniser, décide de la transférer en Irlande où il possède des terres.
Les Irlandais, sens alors affamés, aux maigres ressources, l'adoptent.
La culture se généralise. L'Irlande dépend depuis lors tellement de la culture de la pomme de terre que le mildiou qui ravagera les récoltes en 1816. provoquera la mort de 750 000 personnes et l'émigration d'un million d'Irlandais vers les Etats-Unis et L'Australie.
Les croyances populaires de l'époque n'accordent pas à la pomme de terre une bonne réputation : son nom n'est pas mentionné dans la Bible, elle appartient à la famille des solanacées, plantes vénéneuses.
On croit qu'elle est un produit maléfique car elle se reproduit trop vite, pousse n'importe où. et on l'accuse d'appauvrir les sols. La forme et le goût des pommes de terre ne rappellent aucun des légumes que les gens consomment alors.
Ce rejet va durer plus d'un siècle. Ce qui va sauver la pomme de terre, ce sont les guerres et les calamités naturelles. Peu à peu. lentement mais sûrement, elle s'avère indispensable pour prévenir ou mettre fin aux famines, conséquences des conflits armés ou de la sécheresse. Paradoxalement, alors que pour le peuple, la pomme de terre est avant tout un produit du diable, c'est le clergé et la hiérarchie catholique qui contribuent à ce qu'elle gagne les couches populaires.
Si peu après son arrivée en Espagne elle est délaissée, les moines d'un couvent de Seville, en charge de l'hôpital de la ville, l'adoptent et en favorisent la culture. De toute évidence, ils ont récupéré des plants auprès des navigateurs ou dans des champs où la pomme de terre avait fait l'objet de quelques expériences de culture, mais sans plus. Les moines ont une raison d'agir ainsi : ils doivent nourrir malades et indigents.
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Parmentier
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Parmentier a eu une idée que tout individu chargé de la promotion d'un produit nouveau rêverait aujourd'hui de pouvoir utiliser. Il demande qu'on lui alloue un terrain - il fait exactement 54 arpents - à la sortie de Paris, dans la plaine des Sablons où se trouve aujourd'hui Neuilly.
Il y plante des pommes de terre et obtient que le champ soit gardé par la troupe qui est autorisée à tirer sur toute personne qui essaierait d'y pénétrer.
Rapidement le bruit court que si l'armée est là pour en interdire l'accès, c'est que ce qui y pousse doit avoir de la valeur.
Parmentier applique alors la deuxième phase de son plan : il supprime la garde du terrain la nuit.
Aussitôt les maraudeurs se glissent parmi les plants et cueillent en toute impunité les pommes de terre.
D'abord avec parcimonie puis, très vite, avec frénésie d'autant que les voleurs constatent que les pommes de terre n'entraînent aucune maladie, aucun désagrément.
Face aux situations dramatiques, les hommes providentiels se distinguent plus vite. Antoine-Auguste Parmentier en fait partie.
Pharmacien militaire, il a été prisonnier en Allemagne pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763). ce qui lui a permis de constater que les pommes de terre ont sauvé des centaines de ses compagnons d'infortune.
En France, à ce moment-là, la pomme de terre n'est bonne qu'à nourrir le bétail.
On l'appelle "tartoufle" ou "cartoufle" et on l'accuse de donner la lèpre. Au mieux, on en tire de la fécule que l'on mélange à de la farine pour préparer certains pains de longue conservation. Pour les marins, notamment.
En 1772. un an après une terrible disette, le gouvernement lance des concours pour trouver un aliment nouveau qui empêcherait la population de souffrir de la faim.
Parmentier en est le lauréat. En 1778, il publie Traité de la pomme de terre avec l'appui d'un certain nombre d'hommes célèbres comme Turgot, Buffon ou Voltaire. Turgot, ministre de Louis XVI, invite la faculté de médecine à rédiger un rapport en vue de donner plus d'extension à l'usage et à la culture de la pomme de terre.
Voltaire qui avait qualifié la pomme de terre de "simple amusement public", revient sur son jugement.
Mais les Français ne veulent toujours pas en manger. Ce refus est d'autant plus incompréhensible qu'il perdure en 1785, année de famine et de la généralisation de la culture de la pomme de terre en France.
Au début du XIX1' siècle, la Société centrale d'agriculture, constatant l'essor de la pomme de terre, décide de recenser toutes les variétés connues et confie ce travail à Philippe de Vilmorin.
En I860, son catalogue fait état de 177 variétés, puis de 212 en 1872, 630 en 1882, 1 000 à la fin du XIXe siècle, 2 000 en 1920. Entre 1872 et 1902.
1 280 variétés nouvelles ont été introduites à Verrières-le-Buisson, propriété des Vilmorin. Dans un rapport datant de 1900, un botaniste allemand affirmait qu'il avait suivi 3 311 variétés différentes en vingt-cinq ans.
Aujourd'hui, à l'orée de l'an 2000, la pomme de terre se voit plébiscitée et parée de mille vertus par les diététiciens. "Non, disent-ils, elle ne l'ait pas grossir." Comme tous les féculents, elle diminue les risques de maladies cardio-vasculaires. convient pour les diabétiques.
On peut donc s'exclamer : "Quelle merveilleuse revanche pour la pomme de terre ! "
Le vaste choix de variétés dont on dispose désormais est le résultat de travaux scientifiques. De nouvelles techniques d'hybridation ont donné au fil des ans des pommes de terre plus résistantes aux parasites, aux maladies. Les recherches qui ont abouti à de nouvelles méthodes de culture, de meilleurs rendements, ont eu une influence sur la chair des tubercules, leur goût, leur forme, leur calibre. |
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